Mademoiselle,
J’ai combattu longtemps la plus honorable et la plus
respcetueuse passion qui jamais ait rempli le coeur d’un homme. Souvent j’ai
voulu vous la déclarer de vive voix, plus souvent encore j’ai tenté de vous
écrire ; mais je n’ai jamais pu trouver assez de courage pour accomplir
mon dessein. J’ai en beaucoup de peine à guarder mon secret : mon embarras
a redoublé pour le révéler ; mais aujoud’hui je ne puis plus de retenir.
Je vole avec ravissement pour vous voir, et, quand je jouis de ce bonheur, au
lieu de me trouver animé, comme cela devrait être, j’éprouve, au contraire, un
embarras qui m’ôte tout pouvoir de m’exprimer. C’est la défiance de moi-même,
la persuasion de mon peu de mérite, la haute opinion que j’ai du vôtre, qui me
donnet cette timidité. L’amour, dit-on, inspire du courage aux hommes et les
excite aux plus nobles actions : qu’il opère différemment sur moi, puisqu’il
m’ôte jusqu’à l’assurance nécessaire ! Tout romanesque que ma passion
puisse vous paraitre, croyez, Mademoiselle, à ma sincérité. Si l’excàs du
respect est un crime, il porte son châtiment avec lui. Il est inutile d’ajouter
que mes desseins sont honnétes : qui ouserait approcher d’un object ausse
parfait avec des vues coupables ? J’ose me flatter que ma famille, mon
état, ma fortune peuvent soutenir l’épreuve du plus sévère examen.
Dainez donc, Mademoiselle, encourager mon respecteux
amour par une réponse favorable, et je serai à jamais votre, etc.
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Le bosquet des amours
ou le cathechisme des amants, lettres d’amour, leurs réponses, anecdotes et
chansons, conseils aux grandes filles qui souhaitent se marier, pensées et
réflexions de nos meilleurs auteurs sur l’amour. Paris: Le Bailly, Libraire-Éditeur, s/d, p. 14-15
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